Mardi dernier, lors d’un séminaire à Helsinki, une réunion a démontré pourquoi les innovations sont hautement mal perçues. En effet, elles engendrent systématiquement des chamboulements dans la société. A titre d’exemple, le télégraphe a été promis à s’effacer avec l’invention du téléphone. Le frigo a rendu obsolète le laitier… Un intervenant a mis en évidence les deux facettes du progrès. Il a employé un objet courant, qui est vraisemblablement non loin de vous tandis que vous lisez ces lignes : votre smartphone. Un objet tout-en-un qui est à la fois un téléphone, une bibliothèque musicale, un appareil photo et un ordinateur. Cet appareil est plus petit, fournit égalementune meilleure qualité, ne requiert pas autant d’assemblage et requiert moins de matériaux et d’énergie que ses concurrents.. Il a, comme on peut s’en douter, représenté un véritable drame pour nombre d’entreprises : producteurs de disques et vendeurs, fabricants de rouleaux de film ou de téléphones fixes… En terme de productivité et d’activité dans ces industries respectives, le smartphone a été un désastre absolu. Mais en éjectant tous ces appareils, il a amélioré nos conditions de vie. C’est le paradoxe du progrès. Les nouvelles technologies suscitent une hausse du niveau de vie global mais confrontent pour commencer les industries en place à des écueils, les font stagner ou provoquent leur disparition. Le développement de la richesse globale n’est appréciable qu’à terme ; à court terme, ce sont essentiellement les impacts funestes qui s’exhibent : des ouvriers au sein de certaines industries obsolètes se voient soudain dépossédés d’emploi suite à l’innovation. Le laitier qui perd son boulot avec l’apparition du frigo. Les librairies font face à l’iBook store. Ryanair qui précarise les acteurs principaux avec un nouveau modèle. Ceux qui perdent cette lutte en matière d’innovation blâment en toute logique les nouveaux entrepreneurs. C’est pour cette raison que le progrès, malgré son utilité notoire, est au départ couramment vu comme une régression. En somme, lles nouvelles technologies permettent la progression de la richesse et la progression de la société. Mais cela ne se fait évidemment rarement sans dégâts. Derrière l’augmentation collective de la richesse se cache fatalement des malheurs pour des groupes de personnes qui se retrouvent leur emploi. La morale de ce séminaire à Barcelone : la destruction est indissociable de la nouveauté. Il à coup de subventions est en conséquence inutile de subventionner les secteurs en crise à l’aide de subventions, car celles-ci sont vouées à succomber. Et les fonds engagées dans ces géants dépassés ne font que différer leur glas, quand elles auraient pu avantager les secteurs promis à un avenir. Mal octroyées, les aides du gouvernement bloquent ce mécanismede destruction et de création.